6 ans à Sciences Po, de mon premier jour à ma remise de diplôme, quel bilan ?
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Est-ce qu’on travaille beaucoup à Sciences Po ? On y apprend des choses intéressantes ? Est-ce que les élèves se prennent pour « l’élite de la Nation » ? On choisit le pays qu’on veut en troisième année ? Autant de questions légitimes et qu’il est bon de se poser pour savoir si étudier à Sciences Po va vous plaire. Entre fantasmes et clichés, qu’est-ce qui se cache derrière cette scolarité, ces 6 ans à Sciences Po Paris ?
Le premier jour, l’anonymat
Ah le premier jour à Sciences Po… Le rêve que j’ai poursuivi pendant toute mon année de terminale. Ce pour quoi je me levais tôt le matin et me couchais tard dans la nuit… Ce pour quoi je choisissais de délaisser mes amis pour la lecture de The Economist ou du Berstein et Milza… Ah le premier jour à Sciences Po… Eh bien non, mon premier jour n’a pas été une réussite.
En premier lieu parce que n’ayant pas entendu mon réveil sonner, je suis arrivée avec 1 heure de retard, suante, mal habillée et effrayée à l’idée que j’allais être catégorisée de manière DÉFINITIVE parmi « les gens pas sérieux ». En arrivant dans le hall d’entrée, un étudiant de quatrième année m’a amenée dans une salle pour « les gens en retard »… Heureusement, avec 800 étudiants admis en première année, personne n’a remarqué mon retard et cela n’a eu aucune conséquence sur le reste de ma scolarité mais il faut avouer que ce n’est pas un début idéal.
C’est là que j’ai réalisé que, vu le nombre d’élèves par promo, il était très facile d’être complètement anonyme à Sciences Po, du moins sur le campus de Paris. Je n’ai pas parlé à grand monde ce jour-là et j’ai eu l’impression d’être complètement noyée dans la masse.
1e année, l’année studieuse
Évidemment, pour le reste de mon année, je suis arrivée à l’heure et n’ai plus eu de panne de réveil. Heureusement, car le premier semestre à Sciences Po est certainement celui qui m’a demandé le plus de travail. Il faut acquérir ces méthodes de problématisation et d’argumentation propres à Sciences Po. Cela n’étant pas inné, ça demande un peu de sueur et quelques mauvaises notes avant d’ajuster tout ça. J’ai donc passé une bonne partie de ma première année à bosser en bibliothèque universitaire. Mais au fil de l’année, on gagne en efficacité et la charge de travail devient de moins en moins lourde.
En première année à Sciences Po Paris, les cours sont organisés de la manière suivante : un cours magistral en amphi est complété par un cours en « conférence de méthode » d’une vingtaine d’élèves. Les conférences de méthode sont le nom pompeux utilisé par Sciences Po pour qualifier ce qu’à la fac on appelle les TD (travaux dirigés). Les élèves qui suivent les mêmes conférences de méthode que vous font partie de votre « triplette » (car vous suivez trois conférences de méthode avec eux).
Les cours fondamentaux de la première année sont les suivants : histoire du XXe siècle, micro et macro-économie, institutions politiques, sociologie et sciences politiques. Vous aurez également des ateliers artistiques à choisir (théâtre, danse, chant, écriture, photos…) et des cours divers et variés parmi un large choix : environnement, relations internationales, philosophie, humanité littéraire, etc.
La première année à Sciences Po se termine par un stage de terrain d’un mois minimum qui n’exige aucune qualification particulière. Sciences Po souhaite, à dessein, que ses étudiants effectuent un stage de terrain et pas un stage dans un bureau. J’ai pour ma part été vendeuse en librairie.
2e année, l’année des expériences extra-académiques
La deuxième année à Sciences Po est certainement celle qui vous demande le moins de travail. Vous avez désormais compris le fonctionnement des cours et ce qu’on attend de vous. Il est donc très facile de valider son année. C’est donc l’année idéale pour s’impliquer dans des associations, faire des petits boulots en parallèle, monter un projet, voyager, etc.
La deuxième année est également celle des « cours à la carte » : chaque étudiant choisit les cours qu’il souhaite suivre parmi un panel très large.
La deuxième année est enfin celle du choix de la destination de 3A (l’année à l’échanger). Réunion, lecture de rapport de 3A, rendez-vous individuel, prise de contact avec des étudiants déjà partis… chacun a ses tactiques pour choisir la destination de ses rêves (et l’obtenir). Car vous faites six vœux, parmi une liste de centaines de pays et d’universités différentes, et ensuite Sciences Po vous donne une affectation.
3e année, l’année à l’étranger
Je suis donc partie en Inde en troisième année, pour étudier la sociologie indienne à l’Université de Pune. Une année absolument inoubliable.
La troisième année est certainement la meilleure année à Sciences Po, et pour cause, vous passez un an dans un pays étranger, entre cours à la fac ou stage et voyage, loin de vos habitudes. C’est une année pleine de rebondissements et de belles découvertes. À n’en pas douter, ça vous transforme pour de bon !
La troisième année est enfin celle du choix du master que vous allez intégrer en septembre ! Question compliquée, surtout quand on est à l’étranger et que les voyages vous donnent beaucoup de nouvelles idées, mais peu de réponses. Pour ma part, j’ai changé de choix de master en juillet, une fois rentrée en France, ayant réalisé avoir fait le mauvais choix. J’avais choisi le master Affaires publiques filière culture et j’ai finalement intégré le master Communication. Aujourd’hui, avec le recul, je me dis que le master Journalisme aurait été mieux… Ah le choix de master…
4e année, l’entrée en master
La communication s’est avérée être un bon choix pour moi. Mais d’un master à un autre, la scolarité change beaucoup. La charge de travail, l’ambiance, les connaissances, l’état d’esprit… ne sont pas les mêmes. Pour connaître les masters à Sciences Po et leurs débouchés, vous pouvez lire notre article sur la question.
La quatrième année est difficile, car pour beaucoup d’étudiants, il faut faire le deuil de la troisième année. Ce qui n’est pas une mince affaire. Même si le campus de Paris est très agréable, il est tout de même moins exotique que ce que nous venons de vivre.
Et puis surtout, en quatrième année, les choses sérieuses commencent, avec la recherche de votre premier stage de 6 mois dans votre spécialité.
La césure, le monde professionnel
Pour beaucoup d’étudiants, la césure est maintenant un passage obligé. Il s’agit d’une année de stage entre la première et la seconde année de master. La plupart des étudiants font alors deux stages de six mois. C’est un bon moyen de gagner en maturité et en expérience. Et donc d’augmenter vos chances d’être embauché à la fin de vos études. C’est également un moment propice à l’exploration pour ceux qui cherchent encore leur voie. Rien ne vous oblige à faire deux stages dans la même branche.
J’ai pour ma part fait mon premier stage chez Danone en innovation sociale et mon second stage dans l’un incubateur de start-ups sociales de la Ruche. Deux stages en communications et en entrepreneuriat social, mais dans des structures très différentes (entreprise du CAC40 puis association).
C’est, au même titre que l’année à l’étranger, une année très enrichissante et qui vous permet de mûrir d’un coup !
5e année, la fin
La plupart des masters (excepté le masters de Droit et l’Ecole de journalisme) ont organisé la dernière année autour d’un semestre de stage et d’un semestre de cours. C’est donc une année hybride pendant laquelle vous glissez dangereusement vers « l’après-Sciences Po ». À n’en pas douter, on sent que la fin approche.
La dernière année est aussi celle du Grand Oral, une étape obligée pour être diplômé de Sciences Po. C’est, comme son nom l’indique, une épreuve orale d’une vingtaine de minutes pendant laquelle vous présentez, à un jury, un sujet choisi à l’avance. C’est plus une formalité qu’autre chose. Car présenter un sujet à l’oral et écrire une note de synthèse, c’est finalement ce qu’on vous apprend à faire pendant cinq ans.
Ma remise de diplôme, et maintenant ?
Je suis arrivée à l’heure cette fois. La remise de diplôme a lieu à la Maison de la radio, dans un auditorium magnifique… Ce qui permet de finir tout ça sur un jolie souvenir. Encadré de ses deux parents, le plus souvent très fiers de vous, ça va de soi…
On réalise alors qu’il est temps de conclure 6 années à Sciences Po. Ce n’est pas immédiat, mais en réalité, on est tous plus ou moins déjà lancé dans nos projets futurs. Et c’est finalement ça la bonne nouvelle : entre la première et la dernière année, tout est fait pour que vous puissiez entrer dans la « vie active » (oh l’horrible mot…) sereinement et avec de beaux projets à réaliser !
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